Passage(s) à Gyumri

 

Gyumri, seconde ville d’Arménie par la taille, ancienne Alexandropol de l’Empire Russe et plus récemment Léninakan pendant l’aire soviétique, fut détruite à 60% par un terrible séisme le 7 Décembre 1988. Arman Tadevosyan revient d’un voyage dans sa ville natale, et nous livre des images qui hantent sa mémoire arménienne.
Habitants des « domiks » – cabines métalliques de premier secours livrées par les soviétiques après le tremblement de terre – , silhouettes de béton ouvertes à tous vents que les riverains surnomment « Ghost city », et jusqu’à ces rues pavées défoncées par le dégel, portant les survivances de l’architecture de pierre noire traditionnelle du Gyumri du XIXéme siècle, où errent des chiens…
Ces images émergent de la réalité quotidienne d’un pays qui tente de se dégager des ruines de l’Histoire, de lutter contre une précarité économique tangible… mais aussi du risque réel d’une perte de son identité! Car depuis les églises des premiers siècles chrétiens, jusqu’aux immeubles mégalomanes du Erévan contemporain, ce pays, qui n’a retrouvé son indépendance que depuis 1991, offre au regard de cruelles disparités!
Face au spectacle de cette société, qui se relève d’un passé d’attaques ou de dominations étrangères, en tirant à hue et à dia, affichant l’anarchie d’un individualisme poussé à l’extrême… toute la violence d’une société qui se rebâtit à toute allure… et à deux vitesses… le regard de l’artiste fait passer le sentiment d’une certaine tristesse face à l’Absurde…
Mais ces images, si elles ne cachent rien d’un Abandon certain, révèlent aussi la force d’une vision poétique.
Nancy, le 17 Novembre 2010 Emmanuelle Costet.

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